Le festival du film de Valenciennes ne soufflera pas sa 22e bougie

Clap de fin pour le festival du film de Valenciennes, temps fort traditionnel du mois de mars et de la saison culturelle valenciennoise. Sa 21ème édition, en 2010, aura aussi été sa dernière. Patricia Lasou, créatrice du festival, l'a annoncé aux bénévoles à la rentrée. Et le confirme dans cette interview à la Voix du Nord

Pourquoi la fin de l'aventure ? Il y a l'usure, normale, de toute équipe organisatrice, il y a l'évolution même du milieu du cinéma. Mais Patricia Lasou regrette aussi que Valenciennes ne dispose plus de lieu dédié au cinéma en centre-ville, où les projets de salle d'art et d'essai ont achoppé sur l'absence de repreneurs.

Il n'y aura donc pas de festival en 2011 ?
« Non. Le festival s'arrête. La décision est prise. Cela aura été une aventure formidable, mais depuis trois ans, l'impression était que nous descendions marche après marche. À la création, nos modèles étaient Cannes, Avoriaz, Deauville. Nous avions envie de faire un festival sur ce modèle-là, avec une compétition, un jury, la proclamation des résultats, le tout au coeur d'une ville. C'était vraiment ambitieux, mais Jean-Louis Borloo a rendu ce pari possible, avec son image forte sur Paris. Aujourd'hui, il n'y a plus ici de salle de centre-ville. À terme, notre modèle n'avait plus sa place. On ne pouvait continuer d'enfermer un jury, des comédiens, venant ici sans être rétribués bien sûr, dans un complexe cinématographique. »

L'arrêt était dans l'air depuis la vingtième édition en 2009. L'absence de lieu dédié est-elle la seule raison ?
« Non, mais c'est le plus décisif. Même s'il n'y a pas que cela, c'est vrai. Il y a aussi l'évolution du monde du cinéma. Ce type de festival intéresse de moins en moins les journalistes. La presse nationale ne fait plus que de la promotion de films, il n'y a plus d'émission de cinéma à la TV. Il y a un phénomène d'usure générale.

Mais ne pas disposer de lieu naturel a pesé. Se battre toujours pour avoir le théâtre, même pour disposer du Jardin de Flore (NDLR : pied à terre des artistes invités), qui était à vendre, la dernière fois. Cela devenait un marché de dupes. Faire venir Vladimir Kosma pour un master-class, et rencontrer des problèmes de sonorisation sur son film projeté en dolby... Il fallait une remise à plat, faire autre chose, qui soit plus en adéquation avec la ville. Continuer comme cela n'avait pas de sens. »

Vous souhaitez que le festival se prolonge autrement ?
« Oui, mais ce n'est pas à moi de parler au nom de la Ville. Elle souhaite cette prolongation, par un autre type d'événement. Pour 2012, peut-être même dès 2011. On pense naturellement aux points forts de Valenciennes, ce qui fait aujourd'hui sa renommée. L'image numérique, la musique. Je serais triste qu'il n'y ait pas de suite, d'autant que nos partenaires nous ont toujours soutenus, que ce soit l'agglo, le conseil général, la chambre de commerce. Le ciné-club bien sûr continuera, avec un changement de statuts. Il aura de nouvelles perspectives, c'est le souhait de la Ville, de tous les bénévoles. » •

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